Les différents types de motorisations écologiques

L’industrie automobile traverse une période de transformation majeure, marquée par l’émergence de motorisations écologiques innovantes. Face aux défis environnementaux et aux réglementations de plus en plus strictes, constructeurs et équipementiers rivalisent d’ingéniosité pour développer des solutions de propulsion alternatives. Ces avancées technologiques redessinent le paysage de la mobilité, promettant un avenir plus durable pour le transport individuel et collectif.

Quelles sont les principales technologies qui façonnent cette révolution verte ? Comment fonctionnent-elles et quels sont leurs avantages respectifs ? De l’électrique pur aux hybrides en passant par l’hydrogène, explorons en détail ces motorisations d’avenir qui visent à réduire drastiquement l’empreinte carbone du secteur automobile.

Véhicules électriques à batterie (BEV) : technologie et innovations

Les véhicules électriques à batterie (BEV) représentent la technologie la plus mature et la plus répandue parmi les motorisations alternatives. Leur principe de fonctionnement repose sur un ou plusieurs moteurs électriques alimentés par une batterie rechargeable. Cette architecture simple et efficace offre de nombreux avantages : absence d’émissions directes, silence de fonctionnement, couple instantané et coûts d’utilisation réduits.

Architecture des batteries lithium-ion haute densité

Au cœur des BEV se trouve la batterie lithium-ion, véritable clé de voûte de leur performance. Ces batteries ont connu des progrès spectaculaires ces dernières années, tant en termes de densité énergétique que de durabilité. Les chimies les plus avancées, comme le NMC (Nickel Manganèse Cobalt) ou le NCA (Nickel Cobalt Aluminium), permettent d’atteindre des densités supérieures à 250 Wh/kg. Cette amélioration constante se traduit par une augmentation significative de l’autonomie des véhicules électriques.

L’architecture des packs batteries fait également l’objet d’innovations majeures. La tendance est à l’intégration structurelle, où la batterie joue un rôle dans la rigidité du châssis. Cette approche, adoptée notamment par Tesla avec ses cellules 4680 , permet d’optimiser l’espace et de réduire le poids total du véhicule.

Systèmes de gestion thermique des batteries (BTMS)

La gestion thermique des batteries est un enjeu crucial pour optimiser les performances et la longévité des BEV. Les systèmes de gestion thermique des batteries (BTMS) assurent le maintien d’une température optimale, généralement entre 15°C et 35°C. Plusieurs technologies coexistent :

  • Refroidissement par air : simple mais moins efficace pour les batteries de grande capacité
  • Refroidissement liquide : offre un meilleur contrôle thermique, adopté par la majorité des constructeurs
  • Refroidissement par plaque froide : permet une gestion thermique très précise, utilisé notamment par Tesla

Ces systèmes jouent un rôle essentiel dans la préservation des performances de la batterie, notamment lors des phases de charge rapide où les flux thermiques sont importants.

Infrastructures de recharge rapide : standard CCS combo

Le déploiement d’infrastructures de recharge rapide est un facteur clé pour l’adoption massive des BEV. Le standard CCS (Combined Charging System) Combo s’est imposé comme la norme européenne pour la charge rapide en courant continu. Ce système permet des puissances de charge allant jusqu’à 350 kW, offrant la possibilité de recharger 80% de la batterie en moins de 30 minutes pour les véhicules les plus performants.

L’adoption généralisée du standard CCS Combo facilite l’interopérabilité entre les différents réseaux de charge et simplifie l’expérience utilisateur. Des acteurs comme Ionity déploient actuellement des corridors de charge ultra-rapide le long des principaux axes routiers européens, rendant les longs trajets en véhicule électrique de plus en plus pratiques.

Moteurs synchrones à aimants permanents vs moteurs asynchrones

Le choix du type de moteur électrique a un impact significatif sur les performances et l’efficience des BEV. Deux technologies principales s’affrontent :

Les moteurs synchrones à aimants permanents offrent un excellent rendement et une densité de puissance élevée. Ils sont particulièrement adaptés aux véhicules nécessitant des performances élevées. Cependant, leur coût est plus élevé en raison de l’utilisation de terres rares dans les aimants.

Les moteurs asynchrones, plus simples et moins coûteux, présentent l’avantage de ne pas utiliser de terres rares. Ils sont souvent privilégiés pour les véhicules d’entrée et de milieu de gamme. Leur rendement est légèrement inférieur aux moteurs synchrones, mais ils offrent une plus grande robustesse.

Certains constructeurs, comme Tesla, optent pour une approche hybride en utilisant un moteur synchrone à l’avant pour les performances et un moteur asynchrone à l’arrière pour l’efficience.

Motorisations hybrides : configurations et efficacité énergétique

Les motorisations hybrides représentent une solution de transition intéressante, combinant les avantages des moteurs thermiques et électriques. Cette technologie permet de réduire significativement la consommation de carburant et les émissions polluantes, tout en offrant une autonomie comparable aux véhicules conventionnels. Il existe plusieurs configurations hybrides, chacune présentant des caractéristiques spécifiques.

Hybride parallèle : toyota prius et honda insight

L’architecture hybride parallèle est la plus répandue sur le marché. Dans cette configuration, le moteur thermique et le moteur électrique peuvent tous deux entraîner les roues, soit indépendamment, soit simultanément. La Toyota Prius, pionnière de cette technologie, illustre parfaitement les avantages de l’hybride parallèle :

  • Fonctionnement en mode 100% électrique à basse vitesse
  • Assistance électrique lors des phases d’accélération
  • Récupération d’énergie au freinage

Cette configuration permet une réduction de la consommation pouvant atteindre 30% par rapport à un véhicule thermique équivalent. La Honda Insight adopte également cette architecture, avec quelques variations dans la gestion de la puissance entre les deux moteurs.

Hybride série : BMW i3 REx et chevrolet volt

L’architecture hybride série se caractérise par un fonctionnement principalement électrique, le moteur thermique servant uniquement de générateur pour recharger la batterie. Cette configuration est particulièrement adaptée aux véhicules urbains et périurbains.

La BMW i3 REx (Range Extender) est un exemple intéressant de cette technologie. Le petit moteur thermique de 650 cm³ n’intervient que pour prolonger l’autonomie lorsque la batterie est presque épuisée. La Chevrolet Volt, quant à elle, utilise une variante plus sophistiquée permettant au moteur thermique d’entraîner directement les roues dans certaines conditions, optimisant ainsi l’efficience sur autoroute.

Hybride rechargeable (PHEV) : renault captur E-Tech et peugeot 3008 hybrid4

Les véhicules hybrides rechargeables (PHEV) constituent une évolution majeure de la technologie hybride. Ils disposent d’une batterie de plus grande capacité, rechargeable sur le réseau électrique, permettant une autonomie en mode 100% électrique de plusieurs dizaines de kilomètres.

Le Renault Captur E-Tech Plug-in, par exemple, offre jusqu’à 65 km d’autonomie électrique en cycle urbain. Cette technologie est particulièrement adaptée aux conducteurs effectuant des trajets quotidiens courts, avec la possibilité d’utiliser le moteur thermique pour les longs parcours.

La Peugeot 3008 Hybrid4 pousse le concept encore plus loin en combinant un moteur essence avec deux moteurs électriques, offrant ainsi une transmission intégrale et des performances élevées.

Mild hybrid 48V : technologie BSG de Mercedes-Benz

Le mild hybrid 48V représente une forme d’hybridation légère, permettant de réduire la consommation et les émissions à moindre coût. Cette technologie repose sur un alterno-démarreur renforcé, capable d’assister le moteur thermique lors des phases d’accélération et de récupérer l’énergie au freinage.

Mercedes-Benz a largement adopté cette technologie avec son système BSG (Belt-driven Starter Generator). Intégré à la transmission par courroie, ce dispositif permet :

  • Une fonction start-stop plus rapide et confortable
  • Une assistance électrique (boost) lors des accélérations
  • Une récupération d’énergie efficace au freinage

Cette solution offre un gain de consommation pouvant atteindre 15% en cycle urbain, pour un surcoût limité par rapport à un véhicule conventionnel.

Pile à combustible hydrogène : principes et applications automobiles

La technologie de la pile à combustible hydrogène représente une alternative prometteuse aux batteries lithium-ion pour la propulsion électrique. Cette solution offre plusieurs avantages : temps de ravitaillement court, autonomie élevée et absence d’émissions locales. Bien que encore peu répandue, elle fait l’objet d’investissements importants de la part de certains constructeurs, notamment asiatiques.

Fonctionnement des piles à membrane échangeuse de protons (PEM)

Le cœur de cette technologie repose sur la pile à membrane échangeuse de protons (PEM). Son principe de fonctionnement est relativement simple :

  1. L’hydrogène est injecté à l’anode de la pile
  2. L’oxygène de l’air est introduit à la cathode
  3. Une réaction électrochimique produit de l’électricité, de l’eau et de la chaleur

L’électricité générée alimente directement le moteur électrique du véhicule. Les piles PEM actuelles atteignent des rendements de conversion supérieurs à 60%, bien au-delà des moteurs thermiques conventionnels.

Stockage haute pression : réservoirs type IV

Le stockage de l’hydrogène à bord du véhicule constitue un défi technologique majeur. La solution la plus répandue consiste à utiliser des réservoirs haute pression, généralement à 700 bars. Les réservoirs de Type IV, entièrement en matériaux composites, offrent le meilleur compromis entre légèreté et résistance.

Ces réservoirs permettent de stocker environ 5 kg d’hydrogène, offrant une autonomie comparable à celle des véhicules thermiques. Leur sécurité a été largement éprouvée, avec des tests de résistance aux chocs et au feu extrêmement rigoureux.

Toyota mirai et hyundai nexo : études de cas

Deux modèles emblématiques illustrent les progrès réalisés dans le domaine des véhicules à pile à combustible :

La Toyota Mirai, lancée en 2014 et renouvelée en 2020, est le fruit de plus de 20 ans de recherche et développement. Sa dernière génération offre une autonomie de plus de 650 km et des performances comparables à celles d’une berline thermique haut de gamme.

Le Hyundai Nexo, commercialisé depuis 2018, se présente sous la forme d’un SUV. Il se distingue par son architecture compacte, intégrant l’ensemble du système pile à combustible sous le capot. Son autonomie dépasse les 660 km en cycle WLTP.

Infrastructure de ravitaillement en hydrogène : stations 700 bar

Le déploiement d’une infrastructure de ravitaillement en hydrogène est crucial pour l’adoption de cette technologie. Les stations 700 bar permettent un remplissage complet en 3 à 5 minutes, offrant une expérience comparable à celle d’un véhicule thermique.

Cependant, le nombre de stations reste limité, avec environ 200 stations opérationnelles en Europe fin 2022. Des plans ambitieux de déploiement sont en cours, notamment dans le cadre du projet European Hydrogen Backbone , visant à créer un réseau européen interconnecté d’ici 2040.

Biocarburants avancés et e-carburants : alternatives aux énergies fossiles

Les biocarburants avancés et les e-carburants représentent une voie prometteuse pour réduire l’empreinte carbone des moteurs thermiques existants. Ces carburants alternatifs offrent l’avantage de pouvoir être utilisés dans les véhicules conventionnels, sans modification majeure du moteur ou de l’infrastructure de distribution.

Bioéthanol E85 : production et compatibilité moteur

Le bioéthanol E85 est un mélange composé de 85% d’éthanol d’origine végétale et de 15% d’essence. Sa production repose principalement sur la fermentation de biomasse riche en sucres ou en amidon, comme la betterave, le maïs ou le blé.

L’utilisation du E85 nécessite quelques adaptations du moteur, notamment :

  • Modification du système d’injection pour augmenter le débit de carburant
  • Renforcement de certains composants pour résister à la corrosivité de l’éthanol
  • Ajustement du système de gestion moteur

De nombreux constructeurs proposent des véhicules flex-fuel capables de fonctionner indifféremment à l’essence ou au E85. Cette flexibilité permet de s’adapter à la disponibilité variable du bioéthanol selon les régions.

Biodiesel HVO

: procédé de production et impact environnemental

Le biodiesel HVO (Hydrotreated Vegetable Oil) représente une avancée significative dans le domaine des biocarburants. Contrairement au biodiesel traditionnel, le HVO est produit par hydrogénation d’huiles végétales ou de graisses animales. Ce procédé offre plusieurs avantages :

  • Meilleure stabilité à froid
  • Indice de cétane plus élevé, améliorant les performances moteur
  • Compatibilité totale avec les moteurs diesel existants

L’impact environnemental du HVO dépend largement de la matière première utilisée. L’utilisation d’huiles usagées ou de résidus agricoles permet de réduire significativement les émissions de gaz à effet de serre par rapport au diesel fossile, avec des réductions pouvant atteindre 90%.

E-carburants synthétiques : technologie Power-to-Liquid (PtL)

Les e-carburants, ou carburants synthétiques, représentent une technologie prometteuse pour décarboner les moteurs thermiques. Le procédé Power-to-Liquid (PtL) permet de produire des hydrocarbures liquides à partir d’électricité renouvelable, d’eau et de CO2 capturé dans l’atmosphère.

Le processus de production se déroule en plusieurs étapes :

  1. Électrolyse de l’eau pour produire de l’hydrogène
  2. Capture et purification du CO2 atmosphérique
  3. Synthèse Fischer-Tropsch pour combiner H2 et CO2 en hydrocarbures

Les e-carburants ainsi produits sont chimiquement identiques aux carburants fossiles, permettant une utilisation dans les moteurs existants sans modification. Leur bilan carbone peut être neutre si l’électricité utilisée est d’origine renouvelable.

Moteurs thermiques à très faibles émissions : technologies de transition

Malgré l’essor des motorisations alternatives, les moteurs thermiques restent prédominants dans le parc automobile mondial. Des innovations technologiques permettent de réduire drastiquement leurs émissions polluantes, les positionnant comme une solution de transition viable.

Injection directe haute pression et combustion HCCI

L’injection directe haute pression, couplée à des systèmes de combustion avancés, permet d’optimiser le mélange air-carburant et d’améliorer le rendement thermique. La technologie HCCI (Homogeneous Charge Compression Ignition) représente une avancée majeure, combinant les avantages des moteurs essence et diesel :

  • Combustion homogène réduisant la formation de particules
  • Température de combustion plus basse limitant les émissions de NOx
  • Rendement thermique élevé, proche de celui d’un moteur diesel

Ces technologies permettent de réduire la consommation de carburant de 15 à 20% par rapport à un moteur conventionnel équivalent.

Systèmes de post-traitement SCR et GPF

Les systèmes de post-traitement des gaz d’échappement jouent un rôle crucial dans la réduction des émissions polluantes. Deux technologies se distinguent particulièrement :

La réduction catalytique sélective (SCR) utilise une solution d’urée (AdBlue) pour transformer les oxydes d’azote (NOx) en azote et vapeur d’eau. Cette technologie permet de réduire les émissions de NOx de plus de 90%.

Le filtre à particules essence (GPF) capture les particules fines émises par les moteurs à injection directe. Son efficacité peut atteindre 99% pour les particules les plus fines, contribuant significativement à l’amélioration de la qualité de l’air urbain.

Technologie de moteur à taux de compression variable

Le taux de compression variable représente une innovation majeure dans la conception des moteurs thermiques. Cette technologie permet d’adapter en temps réel le taux de compression du moteur en fonction des conditions de fonctionnement :

  • Taux de compression élevé à faible charge pour optimiser le rendement
  • Taux de compression réduit à forte charge pour éviter le cliquetis

Infiniti a été le premier constructeur à commercialiser cette technologie avec son moteur VC-Turbo. Les gains en termes de consommation et de performances sont significatifs, avec une réduction de la consommation pouvant atteindre 27% par rapport à un moteur conventionnel de puissance équivalente.

Ces avancées technologiques démontrent que les moteurs thermiques ont encore un potentiel d’amélioration important. Elles permettent de réduire significativement leur impact environnemental, offrant une solution de transition efficace en attendant la généralisation des motorisations zéro émission.

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